Rafael Nadal va disputer, à partir du 19 novembre, la dernière compétition de sa carrière à l’occasion de la Coupe Davis. Dans sa ville de naissance, sur l’île de Majorque, on s’apprête à dire au revoir au plus grand sportif de l’histoire locale, mais pas au "voisin" Rafa.
C’était la dernière fois. Cette semaine, Rafael Nadal s’est entraîné pour la dernière fois en tant que joueur professionnel chez lui, sur l’île de Majorque. Depuis, il s’est envolé à Malaga, là où il disputera l’ultime compétition de sa carrière à partir de mardi. Une Coupe Davis avec l’Espagne, pour tenter d’ajouter un sixième saladier d’argent à ceux qui trônent déjà dans son musée à Manacor.
À la Rafa Nadal Academy, basée dans la ville de naissance du recordman de titres à Roland-Garros, on sent qu’une page se tourne. "Tout le monde à l’académie a pu profiter toutes ces années des compétitions de Rafa, de ses grands matchs, de ses défaites… Nous l’avons vécu, nous l’avons vécu ensemble. Nous savons que c’est une étape, que ça allait se terminer", concède Tomeu Salva, entraîneur à l’Académie. "Nous perdons quelque chose, mais nous en gagnons une autre. Nous gagnons la possibilité de le voir beaucoup plus au quotidien, de le voir participer à ce grand projet de l’académie", sourit l’ami d’enfance de "Rafa".
Joueur professionnel déjà, l’ancien numéro 1 mondial était un habitué de l’Académie. "Ma première année ici, quand je voyais Rafa, ça me faisait quelque chose. Maintenant ça devient normal et ça ne devrait pas, c’est Rafa quoi !", glisse Nathan Trouvé, pensionnaire de l’Académie. En plus de voir Rafael Nadal "tous les jours", le 28e mondial junior au classement ITF est même devenu l’un de ses sparring partners. "Quand on s’entraîne avec lui, c’est vraiment intense et tu peux voir pourquoi c’est Rafa", assure le Français.
Un voisin comme un autre
Pour lui, c’est devenu une habitude de croiser le natif de Manacor, et pour les habitants de la ville, la star du tennis reste un local comme un autre. "Nadal est une idole à Manacor, mais les gens le laissent marcher tranquillement dans la rue, parce qu’ils l’aiment et le respectent beaucoup", promet le Manacori Juan Carlos. "Ici ce n’est pas comme à Madrid, Rome ou Paris. Les gens le laissent faire ses courses, acheter de l’essence et tout faire comme une personne normale, parce qu’ils le connaissent depuis toujours."
"Il a fait connaître notre peuple et notre ville mondialement, a donné de l’importance à notre île", ajoute Bartolomé, qui sort de la salle de sport construite par Rafael Nadal, et ouverte à tous. "C’est un voisin très noble. Pour moi, à la fin, c’est l’homme qui a le plus de valeur. Des joueurs, il y en aura d’autres après lui. Mais la personne est celle qui reste pour toujours."
22 titres du Grand Chelem, et pourtant, ce qui revient le plus souvent, c’est l’homme. "La communication de Rafa est très transparente, très vraie. C’est lui, sa personnalité, il est comme ça. Il est aimé parce que c’est vraiment une bonne personne. Il se comporte bien avec tout le monde", se réjouit Benito Perez-Barbadillo, chef de communication de Rafael Nadal depuis 2006.
Avant que l’homme Nadal ne profite de sa retraite sportive, il reste encore un dernier défi au joueur. "Je le sens bien. Il s’entraîne, il a l’objectif de jouer. Quand il a un objectif il fait tout pour réussir. Après, la vie continuera, j’imagine qu’il va prendre un peu de vacances", souffle Benito Perez-Barbadillo.
"Aucun joueur dans l’histoire n’avait fait ce qu’il a fait"
La course contre la montre est lancée. Plus que quelques jours pour profiter d’un des meilleurs sportifs de tous les temps. "Je suis très conscient de ce que je vais vivre. Un moment très spécial. La dernière danse de Rafa…", pose Tomeu Salva. L’ami de longue date de Rafa fera le déplacement à Malaga dans les prochains jours.
Aurait-on pu prédire un tel destin à l’enfant de Manacor ? "Aucun joueur dans l’histoire n’avait fait ce qu’il a fait. Personne n’avait gagné 22 Grands Chelems. Sampras en avait 14, Agassi 8. Ça paraissait même impossible de se rapprocher d’eux. Rafa a été capable de surmonter beaucoup d’obstacles. Petit à petit, vous vous dites qu’il est peut-être capable d’en surmonter encore bien plus, et vous voyez qu’il peut le faire", se souvient le proche du joueur.
Une longue carrière qui touche enfin à sa fin. "Je vais essayer de profiter au maximum de chaque minute, de chaque coup, de chaque moment où il est là." Un conseil qu’adresse aussi Tomeu Salva à son ami Rafa: "Lui, je lui dirais de profiter, c’est ce qu’il a toujours fait. Qu’il vive avec intensité comme il l’a fait toute sa vie."