Le président de la Fédération française de tennis, qui brigue un second mandat, a fustigé les critiques qui s'abattent sur la direction du haut niveau incarnée par le Croate Ivan Ljubicic.
Gilles Moretton savoure. Dans quelques heures, ce pourrait être la fin d'une parenthèse enchantée pour le tennis français. Le patron de la FFT profite des derniers rayons de soleil qui irradient le tennis français en cette fin de saison.
Giovanni Mpetshi Perricard vainqueur d’un ATP 500 la semaine passée, cinq français en 8e à Bercy cette semaine, Ugo Humbert en demies du Rolex Paris Masters samedi... Gilles Moretton a rarement été autant à la fête durant un mandat agité, secoué par de nombreuses affaires et notamment une crise aiguë en matière de vie sociale interne.
Candidat à sa propre succession en décembre, Moretton brigue un second mandat. Il est en campagne. Dans une interview au Figaro, l’ancien 65e joueur mondial défend son bilan et évoque le haut niveau, qui n’avait pas fière allure au sortir des Jeux de Paris 2024. Touché par ce bilan désastreux (aucun français en quarts), le directeur du haut niveau Ivan Ljubicic avait proposé de renoncer à certaines de ses responsabilités.
"Il a dit ce qu’il pensait en proposant sa démission. On l’a refusée", rappelle Gilles Moretton au Figaro. "Il est le patron du haut niveau, en lien avec les joueurs, les staffs et les familles. Il a un œil sur les 15-25 ans. Il fait un super boulot. Pour la première fois, on a des 15-17 ans au Centre national d’entraînement à Roland-Garros, c’est ce qu’a voulu Ivan Ljubicic."
Selon le président de la Fédération française de tennis, Ivan Ljubicic aurait été victime de "racisme mal placé" de la part de ceux qui s’étonnent de ne pas voir de techniciens français à sa place. "Je suis très triste qu’on lui fasse un procès", déplore-t-il. Les entraîneurs de beaucoup de Fédérations olympiques sont étrangers d’ailleurs. "Le 14 décembre, il y aura une élection et une nouvelle ère de DTN. Ma volonté, c’est qu’Ivan reste bien évidemment. Avec sa culture différente de la nôtre, il peut nous apporter des choses différentes."
"Ljubicic? Un très mauvais signal"
Face à Gilles Moretton, dans cette élection qui a débuté en septembre et se terminera lors de l'Assemblée générale élective du 14 décembre 2024, Germain Roesch, président de la ligue d'Île-de-France, n'envisage pas forcément la séparation avec Ivan Ljubicic. Il se verrait même très bien s'appuyer sur ses compétences, mais dans le cadre d'une réorganisation de la DTN, qui mettrait davantage en valeur les compétences des entraîneurs français.
"Demander à Ivan Ljubicic de s'occuper du haut niveau, quelque part, ça veut dire le signal qu'on envoie à tous les entraîneurs français de très bon niveau, c'est que vous n'êtes pas au niveau pour le faire. Et ça, c'est un très mauvais signal", estimait Germain Roesch dans une interview à Tennis Actu. La nouvelle direction prise par le haut niveau, et notamment incarnée par la nomination d'Ivan Ljubicic, a été diversement appréciée par le milieu du tennis français.
Auprès de RMC Sport, Thierry Ascione déplorait fin septembre des directions "radicales en termes d’orientation, et d’obligation de changement" et regrettait le manque de liant avec la Fédération. "Ivan Ljubicic, cela fait trois ans qu’il est là mais on n’a jamais eu de nouvelles (...) Il devrait peut-être passer trois, quatre minutes avec Gilles Simon, Richard Gasquet et Jo-Wilfried Tsonga. Pour comprendre ce qui a marché par le passé, pourquoi on a eu cette génération dorée (...) Je pense que Ljubicic a plein de bonnes volontés. Il a de l’expérience, il a entraîné Federer. Mais de l’autre côté, il est agent, il a une académie (...) Qu’il ne soit pas beaucoup là, c’est factuel. Après les JO, qu’il ne soit pas à New York, il a sûrement des bonnes raisons. Il doit respecter son contrat à la lettre certainement. Mais s’il n’est pas là, beaucoup de personnes sont là."