Lors du GP de Chine, Lewis Hamilton a proposé puis cédé sa place à Charles Leclerc pour optimiser les chances de Ferrari. Mais la réalisation TV internationale a laissé penser que la consigne avait été imposée par l'écurie italienne.
Les mauvaises langues diront que la F1 s'est inspirée de Drive to Survive. Après le Grand Prix de Chine, dimanche 23 mars, Ferrari a dénoncé une déformation de la réalité concernant les communications radio de Lewis Hamilton qui ont été diffusées pendant la course. Celles-ci ont laissé penser que l'écurie italienne avait ordonné au septuple champion du monde britannique d'échanger les positions (5e et 6e) avec son coéquipier Charles Leclerc. Une consigne pour le moins sujette à interprétation des médias et des fans.
Au 20e tour, la réalisation TV internationale a fait entendre cette communication radio de l'ingénieur de course Riccardo Adami à Lewis Hamilton: "Nous allons échanger les voitures, virage 14". Réponse: "Je le ferai quand il sera plus proche". L'inversion s'est finalement faite au tour 21.
"Je pense que c’est une blague de la FOM"
Mais Frédéric Vasseur, directeur de l'écurie, a haussé le ton en faisant savoir que cette décision stratégique avait en fait été suggérée par Lewis Hamilton lui-même. "Je pense que c’est une blague de la FOM", a dénoncé le dirigeant français, pointant donc Formula One Management, l'instance qui s'occupe de la réalisation TV internationale. Une mission qui implique notamment de mettre à l'antenne certaines des nombreuses communications radio entre les pilotes et les écuries.
"Le premier appel venait de Lewis. Mais pour faire le spectacle, ils ont modifié la situation en ne diffusant que la seconde partie des échanges radio", a assuré Frédéric Vasseur. Ce qui est vrai.
"Je vais laisser passer Charles"
C'est dès le 18e tour, soit deux tours avant que le public n'ait connaissance du projet, que Lewis Hamilton, en délicatesse avec ses pneus, a fait savoir qu'il était prêt à abandonner sa 5e place. "Je pense que je vais laisser passer Charles, parce que je suis en difficulté", dit-il alors. "Compris. Gère davantage les pneus à haute vitesse", répond Riccardo Adami, qui l'avertit ensuite que l'échange devra se faire au virage 14, l'épingle avant la ligne d'arrivée. Charles Leclerc, qui n'avait rien demandé, est averti au même moment par son ingénieur Bryan Bozzi.
Mais notamment parce que Lewis Hamilton a eu l'opportunité de dépasser l'Aston Martin de Lance Stroll, l'échange de voitures n'a pas eu lieu au tour 18. Alors Riccardo Adami redonne la consigne au tour 19. C'est à ce moment-là que le Britannique répond: "Je le ferai quand il sera plus proche".
Au tour 20, Ferrari et Charles Leclerc s'impatientent. "Faisons-nous l'échange maintenant?", demande Riccardo Adami. "Je vous dirai quand nous allons échanger", rétorque Lewis Hamilton.
Au tour 21, Charles Leclerc exprime sa frustration: "C'est dommage. Le rythme est là". C'est pile le moment que choisi Lewis Hamilton, au virage 1, pour le laisser passer.
La F1 assure que ce n'était "pas intentionnel"
La direction de la F1 est entrée en contact avec Ferrari pour apporter des explications. Puis un porte-parole de l'instance a assuré qu'il n'y avait "aucune intention de présenter un récit trompeur" de cette séquence.
Avant d'admettre tout de même: "en raison d'autres situations survenues pendant la course, le message de Lewis n'a pas été diffusé, mais ce n'était pas intentionnel". Une clarification qui permet à Ferrari de s'éviter une petite polémique sur la gestion de Lewis Hamilton. Mais avec la double disqualification tombée quelques heures après l'arrivée, l'écurie a finalement d'autres problèmes.
