Troisième pilote tricolore du plateau de Formule 1 pour cette saison 2025, Isack Hadjar est aussi suivi de près en Algérie, lui qui possède la double nationalité grâce à ses parents.
"J’ai 12 ans, je fais du karting depuis sept ans et j’habite à Paris. Mon objectif, c’est de faire de la Formule 1. Comme Senna. Je vais tout donner." Les traits sont juvéniles, les yeux brillants, la bouille toute ronde, mais l’assurance est déjà là.
Invité de la télévision algérienne ce jour de décembre 2016, Isack Hadjar s’épanche sur ses rêves de gamin alors qu’il n’est encore présenté que comme "un petit champion, catégorie cadets". Neuf ans plus tard, ce fan de Cars et de son héros Flash McQueen a pris quelques centimètres - pour culminer tout juste à 1,67m - et les tours de karting ont laissé place au grand monde. Du haut de ses 20 ans, il s’apprête à vivre ce dimanche son premier GP de Formule 1, sur le circuit de Melbourne, sous les couleurs de l’écurie Racing Bulls.
Une juste récompense pour ce jeune impatient habitué à slalomer entre les obstacles, entre ses soucis de croissance et les difficultés économiques des premières années, jusqu’à ses débuts mitigés au sein de la firme Red Bull, où il lui a fallu composer avec l’étiquette de "Petit Prost". Aux côtés de Pierre Gasly (Alpine) et Esteban Ocon (Haas), qui feraient presque figure de vieux briscards en comparaison, il sera le troisième pilote français au coup d’envoi de cette saison 2025 annoncée terriblement excitante par les observateurs. Avec un père d'origine algérienne et une mère libano-algérienne, le bizuth fait aussi la fierté de l’Algérie. Les médias qui le suivaient ado sont toujours là, pressés de le voir en piste contre Lewis Hamilton, Max Verstappen et les autres.
Un "tempérament DZ" assumé
"À seulement 20 ans, ce Franco-Algérien n’est plus un jeune espoir mais un pilote à part entière, avec un tempérament de feu et une rage de vaincre", écrit ainsi le site TSA Algérie. Même enthousiasme du côté de La Gazette du Fennec : "Ambitieux et sûr de ton talent, Isack Hadjar sait qu’il devra se montrer à la hauteur dans la galaxie Red Bull, qui n’hésite pas à écarter ses pilotes en cours de saison s’ils ne sont pas performants. Le jeune rookie n’a peur de rien." Même la presse davantage portée sur le ballon rond ne s’y est pas trompée. "À l'exception de Nassim Sidi Said, pilote d'essai il y a une trentaine d'années, aucun Algérien n'a jamais réussi à s'imposer dans cet univers ultra-concurrentiel qu'est la Formule 1", rappelle ainsi DZ Foot.
Et d'ajouter : "Les sports automobiles, en dépit d'un talent certain, ne sont d'ailleurs pas la plus grande réussite de notre pays, notamment par manque de moyens et d'infrastructures adéquates. Le binational Isack Hadjar, qui a été formé en France mais dispose d'une très forte attache à son pays d'origine, comme en attestait notamment son invitation sur les plateaux algériens il y a quelques années, pourrait donc incarner ce nouveau visage de la F1 en Algérie." Né et formé en France, le pays qu’il a choisi de représenter, Hadjar assume en même temps son "tempérament DZ", comme il le confie dans les colonnes de Libération.
"J’ai un menton très solide, le sang chaud, un franc-parler et je suis courageux", dit-il. Sur les réseaux sociaux, on ressort aussi ces derniers jours son passage chez Canal Algérie, quand il parlait de son modèle Senna et de ses rêves un peu fous de F1. Ou cette interview donnée quelques semaines plus tard, début 2017, toujours pour la télé algérienne, où il affichait cette même insouciance et le caractère bien affirmé. "Ce que ça me fait d’être champion de karting ? Ça fait du bien ! Je suis comme sur un petit nuage. Je travaille dur pour ça", souriait-il, à peine impressionné par les caméras mais surtout excité à l’idée de découvrir un jour "le sommet du sport auto". C’est donc pour ce dimanche, sur la piste de l’Albert Park. Rendez-vous est pris à 5h, heure française, pour le top départ de sa nouvelle vie.
