Invité de Bartoli Time ce dimanche sur RMC, Lucas Pouille a réagi à l'affaire Jannik Sinner, suspendu trois mois pour dopage après avoir trouvé un accord avec l'AMA. Le Tricolore reste perplexe à propos de la méthode de l'Agence mondiale antidopage.
L'"accord" trouvé entre Jannik Sinner et l'Agence mondiale antidopage continue de faire couler beaucoup d'encre. Au lendemain de l'annonce de la suspension du numéro un mondial pour les trois prochains mois après son contrôle positif au clostebol en mars 2024, Lucas Pouille a exprimé son inquiétude à propos de ce cas "bizarre".
"Ça ne touche pas que la sphère du tennis, c’est la sphère sportive globale. Quand on est pris pour dopage, je trouve ça très inquiétant. On entendait parler depuis des semaines qu’il prendrait un ou deux ans de suspension en avril après Indian Wells et Miami. Tout le monde en interne disait que c’était quasiment sûr", assure le 93e joueur mondial dans l'émission Bartoli Time ce dimanche sur RMC. "Quand ils ont annoncé qu’il allait être suspendu trois mois dans une période très stratégique, c’est bien fait. Il ne ratera aucun Grand Chelem (Sinner reprendra très probablement la compétition à domicile, au Masters 1000 de Rome début mai, ndlr). Ce que je trouve bizarre, c’est l’accord trouvé. En connaissant la personne et en la côtoyant depuis plusieurs années, je ne pense pas que Sinner se soit dopé intentionnellement. On est responsables de tout ce qu’on prend et qu’on nous donne. Sinon, c’est trop facile. Le tricheur pourra toujours dire ‘ce n’est pas moi, c’est mon kiné, mon entraîneur’. A quel moment est-ce la vérité? Un mensonge?"
"Si cette faute est commise, il doit être puni"
En revanche, Lucas Pouille ne comprend pas la logique de l'AMA dans l'étude du dossier de l'Italien, qui a toujours affirmé la thèse de la contamination accidentelle, via un massage prodigué par un membre de son entourage. "Ce qui me dérange aussi, c’est quand elle dit ‘il nous a prouvé qu’il n’était pas dopé’. Pourquoi le condamner? Soit on dit qu’on a décidé de le blanchir complètement parce que pour nous il n’a rien fait de mal, c’est complètement à son insu et ça n’a pas joué sur sa performance, on le blanchit. A partir du moment où on te condamne pour quelque chose, ça veut dire qu’il y a une faute. Si cette faute est commise, il doit être comme tout le monde puni et suspendu comme 98% des joueurs l’ont été. C’est ça qui est dérangeant. Personne ne pense que lui-même se soit dopé, par contre tout le monde pense que ça a été très mal géré. Daniil Medvedev l’a dit, on verra au prochain cas s’il y aura une négociation ouverte", poursuit-il, dénonçant également une absence de parité dans le traitement des cas.
"Depuis le début, il y a zéro opacité, tout le monde est dans le flou. Quand c’est un autre joueur, ça prend toujours du temps mais ça n’arrive pas sur le même résultat. En fonction de qui on est et ce qu’on représente pour le sport, on n’a pas le même traitement."
Colère du syndicat des joueurs
La révélation tardive des contrôles positifs de Jannik Sinner et Iga Swiatek (la numéro 2 mondiale a été suspendue un mois après un contrôle positif à la trimétazidine, ndlr), ainsi que la légèreté des sanctions infligées, a suscité ces derniers mois la colère de plusieurs joueurs estimant que l'Italien et la Polonaise bénéficiaient d'un traitement de faveur. L'Association des joueurs de tennis professionnels (PTPA), un syndicat de joueurs cofondé par Novak Djokovic en 2021, a dénoncé sur X un "biais inacceptable" dans les décisions des autorités antidopage.
Le problème "n'est pas seulement que les sanctions soient différentes d'un joueur à l'autre. C'est aussi le manque de transparence (...), le manque de crédibilité dans cette soupe d'acronymes d'agences chargées de contrôler" les joueurs, a cinglé la PTPA, critiquant "le manque d'engagement de l'ATP, de la WTA, des Grand Chelem, de l'Itia et de l'AMA à réformer et à créer un système juste et transparent".
