Après avoir appris la suspension de trois mois de Jannick Sinner pour dopage, Benjamin Bonzi n’a pas caché son incompréhension vu la faible sanction infligée à l’Italien.
"Je trouve ça assez bizarre." Comme beaucoup de gens, Benjamin Bonzi a du mal à comprendre "l'accord de réglement" entre l'Agence mondiale antidopage et Jannik Sinner, qui a écopé d'une suspension de trois mois plutôt que les un à deux ans initialement réclamés par l'AMA après un contrôle positif du numéro un mondial en mars 2024. Dans la lignée des Nick Kyrgios ou encore Stan Wawrinka, le tennisman français regrette un traitement particulier de l'affaire.
"On parle d'accord trouvé, de négociations sur les durées. Il y a des règlements. Dans un premier temps, on l'apprend six mois plus tard, après il est toujours autorisé à jouer. On considère que les doses sont trop petites pour avoir un impact ou quoi que ce soit. J'ai l'impression que ça part un peu dans tous les sens, qu'on n'est jamais vraiment au courant. Il y avait des rumeurs comme quoi il y aurait un procès un petit peu plus tard dans l'année, qu'il risquait une suspension beaucoup plus longue. Là maintenant, apparemment, il y a un accord, puis c'est ok pour prendre trois mois. C'est une gestion de cas très bizarre", assure le 64e joueur mondial en marge de l'Open 13 de Marseille ce samedi.
Je suis assez certain du fait que si ça m'était arrivé à moi, j'aurais déjà pris deux ans et on n'en parlerait plus.
Son coéquipier en double Pierre-Hugues Herbert regrette également les différences de traitement entre les joueurs. "Je ne sais pas quoi penser de Max Purcell par exemple (l'Australien est provisoirement suspendu par l'AMA depuis le 12 décembre pour l'utilisation d'une "méthode interdite", ndlr). Mikael Ymer prend deux ans pour trois no-show. C'est très particulier."
"Un mauvais et un bon signal" pour Medvedev
Vainqueur du tournoi de Marseille en 2021 et éliminé en demi-finale de l'ATP 250, Daniil Medvedev (8e mondial) est convaincu que le cas Sinner peut permettre une ouverture à la discussion sur un sujet devenu "politique". "Tout le monde peut avoir des avis. Je ne vais pas dire trop de choses, mais j'espère que les prochaines fois, les joueurs pourront parler à l'AMA. Ça va créer un précédent où tout le monde va avoir la possibilité de se défendre mieux qu'avant. Parce que sinon, si ça ne va pas être possible, là ça va être bizarre. J'espère que tout le monde va être capable de se défendre mieux. Je ne sais pas comment ça se passait derrière les portes mais j'imagine qu'il y avait une discussion pour que le résultat soit comme ça. J'espère que tout le monde va avoir le droit de se représenter. Parce que parfois, quelqu'un qui n'a pas l'argent pour l'avocat, doit se représenter lui-même. C'est un mauvais signal s'il n'y a que (Sinner) qui puisse faire ça. Mais c'est un très bon signal si après ça, tout le monde va pouvoir le faire."
L'Italien a entamé sa période d'inéligibilité du 9 février à 23h59 au 4 mai, quatre jours ayant déjà été purgés par l'Italien à titre provisoire. Le joueur de 23 ans, triple lauréat en Grand Chelem et récent vainqueur de l'Open d'Australie, manquera donc quatre Masters 1000 mais aucun tournoi du Grand Chelem puisque le prochain, Roland-Garros, débute fin mai. Sinner reprendra très probablement la compétition à domicile, au Masters 1000 de Rome (7-18 mai). Au cours de cette période, il ne devrait pas perdre sa place de numéro un mondial puisqu'il possède plus de 2.000 points d'avance sur son dauphin Alexander Zverev et plus de 4.000 sur Carlos Alcaraz (3e) au classement ATP
Testé positif au clostebol en mars 2024, un contrôle révélé cet l'été par l'Agence internationale pour l'intégrité du tennis (ITIA) qui ne lui avait infligé aucune suspension, Sinner plaide depuis le début de l'affaire la contamination accidentelle, via un massage prodigué par un membre de son entourage.
