Présents en nombre et particulièrement motivés, les supporters français donnent de la voix pendant l'Open d'Australie. Au point, même, de faire tellement de bruit que certains joueurs ont eu du mal à jouer dans cette ambiance bouillante.
L’Open d’Australie est réputé pour ses ambiances colorées et bruyantes. Les différentes communautés se donnent rendez-vous à Melbourne Park pour soutenir leurs joueurs. En 2006, Marcos Baghdatis avait été porté par des fans chypriotes extrêmement bruyants. À une époque, les Suédois mettaient le feu dans les allées mais maintenant ils n’ont plus de joueur… Les Serbes ne lâchent pas d’une semelle Novak Djokovic. Au deuxième tour, des centaines de drapeaux libanais ont fleuri pour soutenir Ady Habib. Et ce vendredi soir, les Australiens ont accompagné l’Australien Aleksandar Vukic bien au-delà de minuit.
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Quant aux Français, Ils peuvent compter sur un petit noyau de "VVT", des jeunes qui bénéficient du visa vacances-travail. Ils ont fait parler d’eux mercredi soir lors du match opposant Arthur Cazaux à Jacob Fearnley.
"Je ne sais pas à quoi tournent, les supporters qui étaient là", se marrait Arthur Cazaux après la rencontre. "Il était 23h, il faisait 10°C, ils étaient en T-shirt, c'était incroyable! Moi j'adore ça, ça me donne énormément d'énergie. Après, je me mets à la place de Fokina ou Félix (Augier-Aliassime), ça me ferait fissurer aussi de jouer à côté d'un court où ça ne fait que crier."
"Auger Aliassime a fait sa diva"
Ce soir-là, les cris incessants des fans ont résonné sur les courts annexes. La belle bagarre vocale avec les Écossais engendré une scène rarissime. Reprogrammés sur un court contigu, Alejandro Davidovich Fokina et Félix Auger Aliassime ont convoqué le superviseur pour exiger un déménagement.
"C’était plus que perturbant", a expliqué Félix Auger-Aliassime. "C’était impossible de jouer, je n’avais jamais vu ça. En plein milieu d’un point, ça criait comme si c’était sur notre court."
Alexandre, l’un de ces Français en vue à Melbourne, se marre, après-coup: "Je crois que Auger-Aliassime a fait sa diva. Ça faisait longtemps, apparemment, qu’il n’avait pas été programmé sur un petit court…"
Un ancien salarié des Girondins de Bordeaux, des "backpackers"
Interrogé dans les tribunes de la Kia Arena, au soutien de Benjamin Bonzi, Alexandre a débarqué à Melbourne il y a une semaine. "J’étais directeur juridique aux Girondins de Bordeaux", dit-il. "Si vous suivez l’actualité, vous comprenez pourquoi j’ai un peu de temps. J’ai été 15/5 et ça faisait longtemps que je voulais vivre ça mais c’était l’époque du mercato…"
À côté de lui, Clément ne cesse d’encourager le Nîmois mais l’aisance de Jiri Lehecka, facile vainqueur en trois sets (6-2, 6-3, 6-3), l’agace.
"C'était bien plus sympa jeudi avec Corentin Moutet, sur le court 7", glisse-t-il. Lui a posé le pied en Australie fin septembre. Il a voyagé à Adélaïde, en Nouvelle-Zélande avant de poser son sac à Melbourne. Ses sous, il les a gagnés de manière originale, parmi les nombreux backpackers, ces voyageurs qui financent leur séjour en travaillant en Australie.
"Il y a de tout ici", dit-il. "Moi, je travaillais dans une usine de miel. Je faisais du packing. Je mettais les pots de miel dans des cartons." D’autres peuvent travailler dans les fermes, à la cueillette des fruits ou dans des restaurants. Comme la vie n’est pas donnée à Melbourne, le compte en banque baisse sensiblement. Ils espèrent récupérer des tickets pour le match de Gaël Monfils, samedi sur la Margaret Court Arena. Plus sûrement, ils seront sur la Kia Arena – au prix plus abordable - pour pousser Corentin Moutet face à l’Américain Learner Tien, le tombeur de Daniil Medvedev. Le système D, ils connaissent.