L’adversaire de Gilles Moretton à l’élection de la présidence de la FFT entend garder une tradition française de l’arbitrage pour le prochain Roland-Garros. Il assume son "isolement" face au tout électronique, auquel Wimbledon a sacrifié il y a peu
Vous êtes candidat à la présidence de la FFT, qui organise l'un des quatre Grands Chelems. Après l’Open d’Australie et l’US Open, Wimbledon a annoncé le 9 octobre dernier la disparition des juges de ligne. Quelle est votre position sur ce sujet sensible?
Notre position est très claire: nous mettrons tout en oeuvre pour maintenir les juges de ligne à Roland-Garros. La "messe" a été dite pour les tournois ATP et WTA. Pour Wimbledon également. Il est important de mettre l’humain au centre des Internationaux de France. Roland-Garros, c’est un symbole de la tradition. C’est un événement qui rayonne. J’ai compris, au contact des présidents de clubs – qui sont, pour nombre d’entre eux, des arbitres ou des juge-arbitres – que Roland-Garros constitue une émulation extraordinaire pour ces arbitres qui sont issus d’une formation locale. Pour la majorité d’entre eux, Roland-Garros, c’est un Graal. Ca crée un cercle vertueux. Ca permet de faire rêver de jeunes arbitres.
Vous avez vraiment ressenti cette crainte lors de votre campagne?
Absolument, on parle là d’une communauté multi générationnelle. A Roland, les juges de ligne qui officient ont entre 18 et 65 ans. C’est très important en termes d’émulation et de motivation. Que ce soient chez les bénévoles ou chez les enseignants, on souffre aujourd’hui d’une certaine pénurie. Il y a une crise de vocation. Supprimer les juges de ligne à Roland-Garros, ce serait un élément supplémentaire de démotivation.
Vous mettez en avant une sorte d’exception française?
Je prône cette exception française. Je prône le maintien, le respect de cette tradition. Si les juges de ligne devenaient les garants du sport pour lequel nous avons cette passion, disons banco! Pour reprendre une célèbre formule: "Moi président, je garderai les juges de ligne."
Cela ne veut pas dire que vous vous priveriez du fameux hawk-eye?
Le maintien de la tradition ne doit pas exclure l’appel à la technologie. C’est l’humain qui décide. On sait que sur terre battue, il y a des traces. S’il y une erreur d’un juge de ligne, elle peut être corrigée par l’arbitre de chaise. S’il y a un doute, on peut s’appuyer sur la technologie. Tradition ne veut pas dire exclusion de la modernité.
On sent que c’est un sujet qui vous tient particulièrement à cœur…
Le tennis est synonyme d’inclusion. Plus l’humain est remis au centre de ses grands événements, plus on contribuera à véhiculer ce lien social. Si les Internationaux de France pouvaient s’affirmer comme le bastion ou le garant des valeurs traditionnelles du tennis, je suis preneur. Les clubs sont au cœur de notre engagement. La FFT doit tout mettre en œuvre pour que les clubs puissent accueillir tous les publics et soient des centres d’attraction pour de nouveaux pratiquants au sein de l’écosystème du tennis. Aujourd’hui, un club a besoin d’enseignants qualifiés, de bénévoles mais aussi des arbitres pour nos multiples compétitions. Il est primordial que la Fédération donne les outils et les ingrédients aux clubs pour qu’ils puissent attirer de nouveaux arbitres et susciter des vocations.
Comment expliquez-vous que Gilles Moretton ne se soit pas positionné sur ce sujet sensible?
Peut-être à cause de la temporalité. Il y a des enjeux électoraux à court terme. C’est un sujet clivant qui peut avoir des répercussions sur les votes.