Médaillée de bronze en double aux Jeux olympiques 2024 de Paris, la Canadienne Gabriela Dabrowski a révélé ce mardi avoir fait face à un cancer du sein pendant une saison 2024. Psychologue clinicienne, Natacha Espié est revenue sur cet exploit.
Est-ce important d'avoir des icônes qui témoignent de leur cancer sur les réseaux ?
Oui, démocratisé d'abord par Angelina Jolie. C'est important pour les patientes qui peuvent expliquer leur histoire avec l'exemple de quelqu'un de connu et ça permet aux autres de mieux comprendre la maladie.
Comment s'informer sur le cancer du sein ?
Il faut partager avec les associations. Tout le monde semble paralyser par l'annonce d'un cancer mais il faut dépasser cela pour s'approprier le traitement. Les traitements peuvent être fatigants, il ne faut pas hésiter à consulter les spécialistes et à leur poser des questions.
C'est un exploit de jouer au tennis à haut niveau tout en étant malade, à l'image de Gabriela Dabrowski ?
Oui c'est un exploit mais son message, c'est qu'on ne peut pas laisser le cancer s'emparer de notre vie. Elle a raison. Pour récupérer d'une chirurgie, il faut faire de l'activité physique même si tout le monde ne peut pas gagner une médaille olympique en étant malade.
Elle a détecté des premiers symptômes avec une autopalpation, comment fonctionnent le dépistage et l'autopalpation ?
Il faut se faire dépister régulièrement auprès des spécialistes. Ne pas hésiter à aller les consulter. En France, le dépistage organisé commence à partir de 50 ans environ. Mais avant ça, il faut apprendre aux femmes à s'autopalper et à ne pas hésiter à signaler une grosseur ou quelque chose d'anormal. L'autopalpation c'est un geste que l'on peut faire quotidiennement sous la douche.
Elle a demandé un deuxième avis médical car le premier n'a rien détecté.
Je pense qu'elle s'est sauvée la vie. Dès qu'on a un doute, on va consulter et si le premier médecin ne voit rien, il faut persévérer avec un deuxième avis.
On peut vivre longtemps avec un cancer du sein sans s'en rendre compte ?
Oui car avant que ça vous rende malade, ça prend du temps donc il ne faut pas hésiter à consulter.
Elle explique qu'Octobre rose l'a décidé à prendre publiquement la parole. Ça prouve l'efficacité de cette initiative ?
Oui car on a souvent fait un procès mercantile à Octobre rose. Mais au moins, c'est un temps pendant lequel les gens parlent du cancer, que la vie ne s'arrête pas et c'est ce qu'elle dit.
Elle cite Victor Frankl et explique que chacun peut choisir sa voie dans n'importe quelle circonstance ?
Je suis d'accord théoriquement mais en pratique c'est plus compliqué, notamment sur l'aspect socio-économique. Il ne faut pas culpabiliser les patientes en leur expliquant comment bien faire, chacun doit trouver sa façon de faire. Avoir un cancer du sein ça coûte cher, on est en arrêt, les soins coûtent de l'argent et on fait ce qu'on peut avec les moyens que l'on a.
Les soins ne sont pas assez couverts par la CPAM ?
La chirurgie et la chimio par exemple sont couvertes mais d'autres soins comme la reconstruction du sein ont souvent des dépassements d'honoraires ou les soins de support (acupuncture, gym adaptée, sophrologie) ne sont pas pris en charge partout.