En gagnant ses trois simples en Coupe Davis à Malaga, Jannik Sinner a été le leader d’une équipe d’Italie intouchable. A 23 ans, le numéro 1 mondial aligne des statistiques guère éloignées de celles de McEnroe, Federer ou Djokovic à leur firmament.
Ce pourrait être l’objet d’un quiz au coin du feu: quels sont les quatre joueurs à avoir battu Jannik Sinner sur un court de tennis en 2024? Carlos Alcaraz a trouvé les clés à Indian Wells, Roland-Garros et Pékin, Stefanos Tsitsipas a été opportuniste à Monte-Carlo, Daniil Medvedev a eu besoin de 4h pour se défaire de l'Italien à Wimbledon et Andrey Rublev a saisi sa chance à Montréal, en août. Et c’est tout!
Depuis sa défaite contre Alcaraz en finale de l’ATP 500 chinois, Sinner a ainsi aligné quatorze victoires, en ne cédant qu’un set. Son bilan s’établit à 73 succès pour seulement 6 défaites (et un forfait en quart de finale du Masters 1000 de Madrid, où il devait affronter Félix Auger-Aliassime). Soit un pourcentage effarant de 92,41%. Le neuvième meilleur taux de réussite de l’histoire de l’ère Open.
LES STATS FOLLES DE JANNIK SINNER EN 2024
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Comme le nombre de matchs perdus cette année deux sets zéro ou trois sets zéro. Jusqu’alors, cette performance n'avait été réalisée que par le seul Roger Federer, en 2005.
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Comme le nombre de défaites concédées sur dur. Carlos Alcaraz l’a dominé deux fois, à Indian Wells et Pékin et Andrey Rublev l’a battu à Montréal. Un bilan qui se rapproche de celui de Federer en 2005 (50-1).
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Comme le nombre de joueurs ayant réussi le doublé Masters-Coupe Davis la même année. Les cinq autres sont Stan Smith (1970), John McEnroe (1978), Boris Becker (1988), Andre Agassi (1990) et Michael Stich (1993).
92,40%
Le pourcentage de victoires de Jannik Sinner lors de cette saison 2024. Il a cumulé 73 succès pour 6 défaites. C’est le 9e meilleur taux derrière John McEnroe en 1984. L’Américain avait fini à 96,47% (82-3).
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Comme son avance au classement ATP sur don dauphin, Alexander Zverev. Soit quasiment l'équivalent de deux victoires en Grand Chelem (2000 points)
"C’est le gars le plus humble de la planète"
La construction de cette quasi-invincibilité, son ami Matteo Berrettini l’a vécue au plus près. Il l’avait même anticipée l’an dernier lors de la conquête du premier "Saladier d’argent".
"L’année dernière, on se regardait entre nous et on se disait: 'Ce gars, c’est quelque chose...'", confie son compatriote.
"On n’avait jamais vu un mec frapper aussi fort, aussi profond, en ratant si peu. Cette année, il n’a perdu que six matches. Il a prouvé qu’il était le meilleur joueur du monde. Et puis, vous pouvez le constater, c’est le gars le plus humble de la planète. Il a montré tellement de respect pour l’équipe. Avant qu’on n’entre sur le court pour jouer le double décisif face à l’Argentine, il voulait s’assurer que chacun était d’accord avec la décision. Il a ça en lui. Son tennis est incroyable mais la manière dont il gère les a côtés et sa relation avec les membres du staff le rend encore plus spécial. Et c’est pour cela qu’on ramène encore le Saladier à la maison", explique un Berrettini plein d'admiration.
L'Italie en pleine Sinner-mania
Jannik Sinner est devenu une star au pays. Les audiences télé sont folles et il multiplie les unes des quotidiens sportifs. Un sacré revirement médiatique depuis septembre 2023 où, ayant déclaré forfait pour la phase de poules de Coupe Davis à Bologne, il était presque considéré comme un déserteur.
Aujourd’hui, il fait l’unanimité. Et la décision de Novak Djokovic de s’entourer d’un garçon comme Andy Murray pour le prochain Open d’Australie, peut être interprétée comme la recherche d’une "arme anti-Jannik". Le Serbe a en effet perdu ses trois derniers matches face au grand Italien.
Ce qui frappe aussi les observateurs, c’est que Jannik Sinner a signé cette saison en étant informé au printemps de deux contrôles anti-dopage positif. Peu avant l’US Open, il a été blanchi par l’Agence internationale pour l'intégrité du tennis. Mais l'Agence mondiale antidopage a fait appel le 28 septembre. Dimanche soir, à Malaga, le n°1 a été interrogé sur cette épée de Damoclès.
"Évidemment, c'est dans un coin de ma tête, a confié Jannik Sinner. Comme je l'ai dit, il y a eu trois audiences, toutes se sont conclues de façon positive jusque-là. J’espère que la prochaine aura la même issue. Mais le plus important pour moi, c'est que les gens autour de moi me fassent confiance. C'est pour cela que je continue à évoluer au niveau que j'ai actuellement. C’est sûr que j’ai eu des hauts et des bas. Ceux qui me connaissent savent que j’ai eu le cœur brisé. Mais parfois, la vie vous présente des difficultés et il faut savoir faire face. Je contrôle ce que je peux contrôler. Après, nous verrons."
C’est le Tribunal Arbitral du Sport qui statuera sur cette affaire à une date encore non révélée.