Jannik Sinner a remporté, samedi soir, le tournoi exhibition "Six Kings Slam" à Riyadh. En finale, il a dominé Carlos Alcaraz au terme d’une belle bataille de plus de deux heures (6-7, 6-3, 6-3). L’Italien a ainsi empoché les 6 millions de dollars promis au vainqueur de cette compétition. Une compétition qui a aussi beaucoup fait parler en raison de la position politique controversée de l’Arabie saoudite.
Sur le court, le tennis a fini par triompher. Sinner et Alcaraz ont disputé un match de très haut niveau en finale pour le plus grand plaisir des 8 000 spectateurs réunis dans "The Venue", le stade spécialement inauguré pour l’événement. Plus tôt dans la journée, le match pour la 3e place entre Novak Djokovic et Rafael Nadal (6-2, 7-6) avait été agréable à suivre.
Avant ça, jeudi, la demi-finale entre Sinner et Djokovic (6-2, 6/7, 6-4) avait également été de très bonne qualité. Le tout rattrapant la très mauvaise impression laissée par le match d’ouverture, ou plutôt le non-match, qui avait vu l’Italien surclasser Daniil Medvedev en un peu plus d’une heure (6-0, 6-3).
Mais tout cela n’a évidemment pas suffi à éteindre la controverse suscitée par l’événement. Une controverse générée non seulement par les points de vue divergents concernant la situation politique et géopolitique du royaume saoudien, mais aussi en raison de l’aspect financier lié à cet événement. Les sommes mises en jeu sont énormes, ce qui entraîne des réactions d’indignation et de crainte auprès de multiples observateurs.
Chacun des six participants à l’exhibition a empoché $1,5 million, indépendamment de ses résultats. Medvedev, qui n’a disputé que 15 jeux, a ainsi gagné $100 000 par jeu joué. Holger Rune qui n’a disputé que 18 jeux face à Alcaraz (4-6, 2-6) a empoché $83 333 par jeu. Enfin, le vainqueur, Sinner a décroché un chèque de 6 millions de dollars pour sa victoire. Une somme à mettre en perspective des prix remportés par les vainqueurs des 4 tournois du Grand Chelem (Open d’Australie : $2,2 millions, Roland-Garros et Wimbledon : $2,7 millions, US Open : $3,6 millions).
Au-delà des questions éthiques, ces investissements financiers colossaux soulèvent des craintes pour la pérennité du modèle de fonctionnement actuel du tennis professionnel. Des craintes qui se cristallisent probablement autour d’une question principale : comment continuer à motiver durablement les meilleurs joueurs du monde lorsqu’ils ont l’opportunité de remporter davantage d’argent en disputant quelques matchs d’exhibition qu’en remportant un tournoi du Grand Chelem ?
La réponse doit probablement tenir compte d’autres considérations que l’unique aspect financier. Mais il n’en reste pas moins que la question mérite d’être posée.
En attendant, Sinner, Alcaraz, Djokovic, Nadal, Medvedev et Rune ont bien profité de l'occasion. À tort ou à raison, chacun se fera son avis. Mais ils ont probablement passé un très bon moment à Riyadh, et ils ont globalement fait passer un bon moment aux spectateurs présents dans le stade ainsi qu’à ceux qui ont suivi les matchs derrière un écran. Pour les organisateurs, l’objectif semble donc parfaitement rempli.